Faut-il demander la péridurale pour accoucher ?

Mise en place au début des années 80, la péridurale, technique d’anesthésie supprimant les douleurs des contractions, est devenue une norme bien établie en France. Au point que les femmes sont très fortement incitées à demander la péridurale pendant le travail. Pourtant, ses effets ne sont pas neutre, pour la femme, comme pour le bon déroulement du travail et de la naissance du bébé. Alors faut-il absolument demander la péridurale pour accoucher ? Existe-t-il d’autres alternatives ?

Pourquoi demander la péridurale ?

La péridurale a été créée pour supprimer les douleurs de l’accouchement, c’est-à-dire pour supprimer les douleurs des contractions pendant le travail et pendant l’expulsion du bébé.

A l’origine, quelle belle avancée pour les femmes ! La péridurale offrait enfin le choix aux femmes de ne plus souffrir en accouchant.

Cette technique est donc très vite devenue une pratique phare, proposée à toutes les femmes en France. Trop vite ?

Le nombre d’accouchements sous péridurale a augmenté de manière exponentielle. Cette hausse peut être mise en perspective avec celle du nombre de déclenchements et de césariennes, qui ont chacun doublé entre 1981 et 2010.

Toutes ces techniques illustrent la médicalisation croissante de l’accouchement en France depuis les années 80.

Certains pays ont pourtant une toute autre approche. Ainsi, seules 15% des femmes aux Pays-Bas, et 40% des femmes au Royaume-Uni ont recours à la péridurale. Alors pourquoi de telles différences ?

Qui pose la péridurale ?

La péridurale est posée par un médecin anesthésiste-réanimateur. Une consultation avec l’anesthésiste est obligatoire avant l’accouchement. Ce médecin doit vérifier si des contre-indications médicales sont présentes, notamment des troubles de la coagulation (nombre insuffisant de plaquettes détecté lors d’une prise de sang). Dans ce cas, c’est à lui d’évaluer si ces contre-indications empêchent toute pose de la péridurale le jour de l’accouchement. Lors de ce  rdv, l’anesthésiste doit aussi informer chaque femme des risques encourus pour elle mais aussi pour son bébé. Dans les faits, cette information n’est pas transmise. 

Quand poser la péridurale ?

D’un point de vue médical, la péridurale se pose quand on est sûr que le travail a bien commencé et qu’il n’y a plus de risques de faux travail. Il faut attendre une dilatation de 3 cm. 

Je vous donne maintenant mon point de vue, en tant que naturopathe et sophrologue qui prépare les femmes à l’accouchement. Clairement il faut attendre le plus longtemps possible avant de poser la péridurale. En effet, la péridurale augmente la durée du travail, déjà très long, surtout pour un premier accouchement. De plus, en étant anesthésiée, la péridurale oblige souvent à rester allongée pendant des heures. Elle limite les possibilité de mouvements. Or, pour favoriser la dilatation du col et pour faire descendre son bébé, il faut pouvoir bouger ! La position allongée est la pire des positions, que ce soit pour le travail ou pour l’expulsion du bébé. Elle est anti-physiologique, et ça les sages-femmes et les médecins le savent bien.

Une alternative existe, il s’agit de la péridurale déambulatoire. Moins dosée, elle permet à la future maman de continuer à se déplacer et à être actrice de son accouchement. Mais peu d’hôpitaux la propose pour le moment. C’est dommage car c’est la technique idéale. La sensation de douleur est abaissée de manière à être supportable. Et surtout, les contractions sont encore ressenties. Ce point est essentiel car tout le travail repose sur le ressenti des contractions. Quand on se coupe de cela, on se coupe de tout ce qu’il se passe dans son corps pour arriver jusqu’à la mise au monde de son enfant. D’où des accouchements interminables et l’utilisation d’instruments lors de l’expulsion (ventouses, forceps).

Quels sont les risques de la péridurale ?

La péridurale comporte des risques et n’est pas dénuée d’effets secondaires. Au contraire, les effets secondaires de la péridurale sont extrêmement fréquents. On peut même affirmer que 100% des femmes accouchant sous péridurale auront au moins un effet négatif lié à cette anesthésie.

Voici l’ensemble des risques possibles qui devraient être communiqués par l’anesthésiste avant de poser une péridurale.

Les effets négatifs possibles chez la maman

  • Sensation de paralysie avec incapacité à bouger les jambes, on a donc une immobilité forcée, et la contrainte de devoir rester allongée pendant les heures restantes jusqu’à la phase d’expulsion
  • Effet hypotenseur, c’est pourquoi la tension artérielle de la future maman est surveillée
  • Démangeaisons
  • Tremblements
  • Incapacité à vider sa vessie, elle est donc « vidée » par la sage-femme avant les poussées
  • Somnolence
  • Nausées voire vomissements
  • Migraines
  • Douleurs à la nuque
  • Contractions moins efficaces et ralentissement de la progression du bébé dans le bassin => allongement de la durée du travail
  • Injection d’ocytocine de synthèse pour compenser la baisse des contractions
  • Complications lors de l’expulsion avec davantage de recours aux forceps et aux ventouses
  • Plus de risque d’épisiotomie et de césarienne

Il y a aussi des cas, pas si rares, où la péridurale ne fonctionne que d’un côté et où elle doit donc être reposée.

Les effets négatifs possibles chez le bébé

  • Ralentissement du rythme cardiaque
  • Ralentissement de la descente dans le bassin
  • Baisse des mouvements fœtaux

Est-ce que la péridurale ralentit le travail ?

L’impact de la péridurale sur le travail

Oui la péridurale ralentit le travail. La péridurale allonge la durée de l’accouchement car elle rend les contractions moins efficaces. Comme la future maman ne peut plus accompagner les contractions, que ce soit avec sa respiration ou avec les postures, la dilatation du col se fait moins vite. Pour un premier accouchement, le rythme attendu est d’1 cm de dilatation par heure. Mais cela peut prendre beaucoup plus de temps. Ce temps d’attente, très long, augmente la fatigue, déjà présente.

Les effets de la péridurale sur l’expulsion du bébé

La péridurale n’a pas qu’une incidence sur la durée du travail. Elle impacte aussi le bon déroulé de l’expulsion. Et cet aspect peut être beaucoup plus problématique. En effet, la femme sous péridurale doit se fier aux indications de la sage-femme. C’est la sage-femme qui lui signale qu’une contraction arrive et qu’il va falloir se préparer à pousser. Seulement en ne ressentant rien, en étant coupée des sensations d’une partie de son corps, de nombreuses femmes poussent mal. Parfois, elles ne savent tout simplement pas comment faire, et ne rien ressentir ne les aide pas. Si la dernière étape de l’accouchement dure trop longtemps, le risque est que le cœur du bébé ralentisse. L’accouchement peut alors terminer sur une césarienne en urgence. Où la décision peut être prise d’utiliser des instruments du type ventouses ou forceps afin de faire sortir bébé.

Faut-il demander la péridurale ?

Pour pouvoir répondre à cette question, il faut comprendre le sens des douleurs de l’accouchement. La douleur fait peur car elle n’est pas expliquée et donc pas comprise. Et quand la douleur arrive, les femmes ne savent pas comment y faire face.

Les contractions de travail sont provoquées par l’ocytocine. L’ocytocine est fabriquée par le cerveau et libérée en grande quantité le jour J. C’est aussi l’hormone qui favorise l’attachement entre maman et bébé.

La douleur est elle provoquée par l’effort intense fourni par le muscle utérin. La douleur est aussi amplifiée par le stress et la fatigue. 

Chaque individu est sensible à la douleur car le corps possède des récepteurs de la douleur, ce sont les nocicepteurs. Ils sont situés au niveau cutané, musculaire, articulaire et viscérale. Le jour de l’accouchement, la douleur n’est pas utile en soi mais elle fait partie du processus physiologique. 

Pour compenser la douleur, le corps sécrète des endorphines tout au long de l’accouchement. Mais là aussi, le stress et la fatigue peuvent amoindrir leurs effets positifs. 

Que faire si la péridurale ne marche pas ?

Dans certains cas, l’anesthésiste se rend compte le jour de l’accouchement qu’il ne pourra pas poser de péridurale. Comment accoucher alors en étant seule face à sa douleur ? A l’hôpital, les accouchements sont trop nombreux pour qu’une femme puisse être accompagnée par une sage-femme pendant le travail. Chaque femme devrait donc envisager d’accoucher sans péridurale. 

Dans d’autres cas, beaucoup plus nombreux, la péridurale ne fonctionne que d’un côté. Cela m’est arrivé pour mon premier accouchement. Le problème quand la péridurale ne fait effet que d’un côté c’est que la douleur continue à être ressentie comme s’il n’y avait eu aucune péridurale. Concrètement, la péridurale ne fonctionne pas.

L’anesthésiste suggère alors de se tourner pour faire passer le produit de l’autre côté. Autant vous dire que cette technique n’a pas du tout marchée. Entre le temps d’attente pour le faire venir la première fois, puis pour le faire revenir, puis pour faire cette technique, puis pour qu’il veuille bien reposer la péridurale, et bien il s’est passé 3 heures… 3 heures d’attente dans la douleur. Je précise qu’à cette époque je n’étais pas sophrologue et qu’avec une grossesse alitée, je n’avais eu aucune préparation à l’accouchement en amont.

Si la péridurale ne fonctionne pas et que la douleur est insupportable, il ne faut pas tarder à le signaler et redemander à ce qu’elle vous soit reposée.

Comment gérer les douleurs de l’accouchement ?

La peur de souffrir amplifie la douleur. Elle empêche la sécrétion des endorphines. Elle peut aussi retarder le travail. En effet, sous l’effet de la peur, tout le corps se crispe encore plus et la respiration devient chaotique. Les muscles sont mal oxygénés à cause de l’hyperventilation et sont par conséquent moins efficaces dans leurs contractions.

Il existe un moyen très efficace de gérer les douleurs de l’accouchement. C’est de s’y préparer ! Cela paraît trop beau pour être vrai ? Et bien non. Que ce soit les gynécologues obstétriciens ou les sages-femmes, tous ont perçu une différence dans la gestion de la douleur entre les femmes qui avaient suivies une préparation à l’accouchement et celles qui arrivaient totalement dans l’inconnu.

Au cours de mon stage dans une maternité, j’ai fait le même constat. J’ai ensuite conçu un protocole unique, dédiée à la préparation à l’accouchement des femmes enceintes.

Ce protocole repose sur les 2 piliers de la gestion de la douleur

  1. Une préparation mentale
  2. Une préparation physique

De manière à être dans une totale maîtrise du déroulé de l’accouchement, étape par étape le jour J. En 6 séances, chaque femme enceinte acquiert les outils nécessaires à la mise au monde de son enfant. 

Comment éviter la péridurale ?

Les techniques apprises lors des séances de sophrologie n’ont pas pour objectif premier de se passer de péridurale. Néanmoins, ces techniques permettent de la demander plus tard. Ce qui est déjà plus physiologique. 

Si par contre vous souhaitez éviter la péridurale et avoir un accouchement naturel, une préparation est indispensable. Le protocole est alors de 8 séances car nous allons plus loin dans la préparation mentale. En effet, la préparation mentale est encore plus importante que la préparation physique pour gérer les douleurs, peu importe le type de douleurs. 

N’imaginez pas pouvoir vous passer d’une préparation en amont car pour l’équipe médicale présente à la maternité le jour où vous accoucherez, la péridurale rend la gestion des accouchements plus facile à gérer. Avec un nombre de sages-femmes insuffisant, et des services parfois débordées par le nombre d’accouchement, impossible pour elles de passer plusieurs heures avec chaque femme. Les sages-femmes sont d’ailleurs les premières à exprimer leur frustration à ce sujet et elles ne cessent de réclamer plus de moyens.

Conclusion

La péridurale est outil de gestion de la douleur mais elle n’est pas la seule technique possible. Pour maximiser ses chances d’avoir un accouchement qui se déroule le mieux, l’idéal est de se préparer en amont et de prendre la décision de la péridurale pendant le travail. La péridurale ne doit pas pallier à un manque d’accompagnement mais être un choix mûrement réfléchi. Depuis toujours, les femmes ont été conçues pour mettre au monde des enfants, en ayant des ressources internes qui leur permettent de supporter la douleur. Ces ressources ont été mises de côté, passées sous silence, au point que les femmes n’en ont pas conscience. 

Mon rôle est de vous accompagner et de vous montrer que, avec ou sans péridurale, VOUS êtes capable de mettre votre enfant au monde et d’avoir l’accouchement que vous souhaitez.

N’hésitez pas à lire les témoignages de certaines jeunes mamans qui ont bénéficié de mon accompagnement.

Vous n’avez pas les moyens ou pas le temps ? J’ai conçu 6 podcasts de sophrologie dédiés à la préparation à l’accouchement.