Que faire en cas de douleurs chroniques

Près d’1/3 de la population française serait atteint de douleurs chroniques. La prévalence de ce type de douleurs augmente avec l’âge, et concerne davantage les femmes. La sensibilité à la douleur augmente après la ménopause car la baisse des œstrogènes conduit à amplifier la perception douloureuse.

Les salariés sont concernés par les troubles musculo-squelettiques (TMS). On pense à ceux qui travaillent toute la journée sur ordinateur, avec souvent une mauvaise posture et la sédentarité associée. Les professions manuelles sont aussi particulièrement touchées. D’une manière générale, le maintien d’une même position ou le fait d’effectuer toujours les mêmes gestes, constituent un véritable poison pour le corps et dont les effets s’installent sur des années avant qu’ils ne déclenchent une douleur pouvant se révéler chronique.

La douleur chronique est caractérisée par une durée de plus de 6 mois et est considérée comme une maladie en soi. Dans de nombreux cas (blessure, traumatisme), la lésion initiale a disparu. C’est donc le cerveau qui continue à produire la douleur, sans cause tissulaire réelle. Et l’intensité de la douleur n’est pas corrélée avec une pathologie grave.

Entrent dans cette catégorie certaines douleurs musculaires, articulaires, les migraines ou encore des douleurs associées à des lésions nerveuses. Dans ce cas, on les classifie selon les mécanismes physiopathologiques qu’elles mettent en jeu : 

  • Les douleurs inflammatoires, associées à des phénomènes d’inflammation qui perdurent anormalement. Il s’agit par exemple de douleurs articulaires, des maladies inflammatoires chroniques des intestins (MICI) ou de l’endométriose. Dans ce cas, l’activation chronique des fibres de la douleur entraîne leur sensibilisation qui se généralise ensuite à tout le système de la douleur. Aussi, même en traitant la cause en périphérie, le système peut rester hyper réactif.
  • Les douleurs neuropathiques, liées à des atteintes du système nerveux central ou périphérique (lésions de nerfs, blessure…), de la moelle épinière, liées aux amputations ou à un accident vasculaire cérébral. Ces lésions concernent directement le système de détection de la douleur : elles rendent le système d’alarme défaillant et incontrôlable par les antalgiques classiques. Certaines pathologies favorisent ce type de douleur comme la neuropathie diabétique, la sclérose en plaques, mais aussi les kystes ou certaines tumeurs. Enfin certains médicaments ou traitements (radiothérapie) peuvent aussi faire apparaître des douleurs neuropathiques.
  • Les douleurs mixtes, qui associent une composante inflammatoire et une composante neuropathique, comme dans les lombosciatiques. Ces douleurs sont souvent rencontrées dans le cadre de cancers ou après une chirurgie.
  • Les douleurs nociplastiques, liées à des altérations de la nociception (c’est-à-dire du système de détection de la douleur) dans lesquelles aucune lésion n’est retrouvée. Elles pourraient reposer sur une modification des systèmes de contrôle et de modulation de la douleur. On les rencontre notamment chez des patients atteints de fibromyalgie, de troubles fonctionnels intestinaux comme l’intestin irritable ou dans certaines céphalées chroniques et migraines. Elles sont souvent liées au stress chronique, à l’anxiété ou à la dépression.

Les 3 dimensions de la douleur

On parle ici du modèle biopsychosocial de la douleur, qui classent les facteurs favorisant la douleur en 3 catégories :

  • Biologique
    • Sexe
    • Sensibilisation centrale
    • Sensibilisation périphérique
    • Prédispositions génétiques
    • Expériences de stress précoces
    • Expériences de douleur précoces
  • Psychique
    • Communication de la douleur
    • Processus cognitifs
    • Théories personnelles sur la maladie
    • Stratégies de gestion de la douleur
    • Gestion du stress
  • Sociale
    • Comportements en matière de santé
    • Comorbidités psychiques
    • Processus attentionnels, distractibilité
    • Variables de personnalité
    • Processus d’apprentissage inconscients

Source : magazine Cerveau&Psycho Octobre 2023

La part émotionnelle de la douleur

Les douleurs chroniques s’accompagnent généralement d’une composante cognitive qui se présente sous la forme d’un sentiment d’injustice (pourquoi je souffre ? Pourquoi moi ?), de culpabilité (je n’arrive pas à faire tout ce que je veux, je fais moins bien qu’avant) ou de peur face à un élément inconnu et non maîtrisé (est-ce que cela va durer ? Comment lutter ?). Sur la durée, cette composante cognitive est génératrice de stress et parfois même de dépression.

Il arrive donc un moment où l’action réelle des médicaments prend fin et où il devient nécessaire de reprogrammer le cerveau pour qu’il arrête de produire de la douleur inutilement.

Le système nerveux central comporte un puissant système de contrôle de la douleur qui fait notamment intervenir des endorphines et régule le transfert des informations douloureuses en provenance de la périphérie du système nerveux.

Ce système peut être maîtrisé grâce à certaines techniques, nécessitant un apprentissage, et qui sont très efficaces.

Ce système de contrôle peut également être activé par le psychisme lui-même, comme dans le cas de l’effet placebo.

A l’inverse, la peur, l’anxiété, le stress et la fatigue jouent un rôle important dans le maintien de la douleur et dans sa chronicisation. C’est pourquoi, le recours à des techniques non conventionnelles, comme les méthodes de respiration et de relaxation, sont à utiliser le plus tôt possible.

Les meilleures pratiques pour soulager la douleur

De nombreuses pratiques ont fait leur preuve pour diminuer la perception de la douleur et la soulager. Les thérapies non médicamenteuses sont nombreuses. La difficulté est de savoir vers lesquelles se tourner.

Les points clés à retenir avant de choisir :

Une pratique axée sur la mise en mouvement du corps est indispensable.

Un accompagnement psychologique et émotionnel est une base incontournable.

Le sport

Le sport a des effets antalgiques et anti-inflammatoires grâce aux endorphines libérées lors d’une activité physique d’endurance.

Pour profiter pleinement de l’effet anti-douleur de l’activité physique, il est nécessaire de choisir une activité qui ne réveille pas la douleur et qui engage le cœur. Vous devez vous sentir essoufflé, signe que le rythme cardiaque s’accélère, et cette intensité doit perdurer pendant au moins 20 minutes.

Une étude récente a démontré que les personnes pratiquants une activité sportive régulière avait un seuil de tolérance à la douleur plus élevé. Même si vous êtes plutôt sédentaire, commencer à faire du sport ou en faire plus régulièrement vous sera également bénéfique pour réduire la douleur.

Ce qui a été démontré c’est que l’activité physique compte parmi les moyens les plus efficaces pour empêcher une douleur de s’installer et de devenir chronique.

La sophrologie

Avec l’activité physique, les activités qui permettent d’activer des émotions positives et de produire des endorphines, sont les plus efficaces pour soulager une douleur chronique.

La sophrologie est la technique complémentaire idéale car c’est la seule qui utilise des techniques intervenant à la fois sur le corps et sur le mental pour soulager la douleur.

En séance de sophrologie vous allez effectuer :

  1. Des exercices spécifiques pour dénouer les crispations et les tensions musculaires profondes
  2. Des exercices de respiration pour abaisser le niveau de cortisol et ralentir le rythme cardiaque
  3. Des exercices de relaxation profonde et de visualisation pour diminuer la perception de la douleur, désensibiliser et détourner l’attention et produire des endorphines naturellement

Ces techniques sont très efficaces et s’inscrivent dans un protocole d’accompagnement personnalisé. L’objectif final est d’accepter la douleur, d’accueillir les sensations de son corps en ne cherchant ni à les réprimer ni à les éviter. En effet, dans les 2 cas ces stratégies sont contre-productives dans la durée.

J’associe la sophrologie à l’aromathérapie car j’ai pu constater auprès de mes clients que la sophrologie olfactive est encore plus efficace dans la réduction des douleurs.

Je vous initie à l’aromathérapie afin de définir les molécules olfactives qui vous font du bien d’un point de vue psycho émotionnel. Plusieurs huiles essentielles peuvent être associées pour créer un effet synergie. Vous repartez ensuite avec votre flacon ou votre préparation afin de prolonger cet ancrage olfactif chez vous.

Quel est le meilleur produit naturel contre la douleur ?

Le CBD

Certaines substances présentes dans un plant de cannabis sativa permettent d’activer le système endocannabinoïde afin de rendre le corps moins sensible à la douleur.

La sensibilité est individuelle mais de nombreuses études ont montré que le CBD avait des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires.

Comment utiliser le CBD contre la douleur ?

Le CBD s’utilise en massage sur les zones douloureuses, 2 à 3 fois par jour. Ou par voie interne, en commençant par un flacon de CBD dosé à 5%. La difficulté de la prise de CBD par voie orale est qu’il n’y a pas de dosage standard. C’est pourquoi il est recommandé de démarrer avec le dosage minimal, à raison de 4 à 6 gouttes par jour pendant une semaine. Le dosage pourra être augmenté la 2ème semaine puis la 3ème semaine, en veillant à ne pas dépasser 70mg de CBD par jour. Certaines marques conseillent de tenir compte de son poids corporel pour définir un dosage maximum. Ainsi, si vous pesez 60kg, vous veillerez à ne pas dépasser 60mg de CBD par jour.

Lisez mon article dédié au CBD pour savoir comment prendre du CBD et quelle est la marque je conseille.

Quels sont les aliments à éviter en cas de douleurs chroniques ?

Les conseils alimentaires délivrés dans mon article dédié au soulagement de la douleur aiguë sont aussi valables en situation de douleur chronique.

Les aliments, et notamment leur teneur en certains nutriments, sont capables de favoriser et d’entretenir l’inflammation. Consommer des aliments dits pro-inflammatoires tels que les produits laitiers, la viande rouge, la charcuterie ou de la malbouffe, revient à mettre de l’huile sur le feu.

Une autre piste concerne les aliments riches en polyamines. Je vous renvoie vers l’article dédié écrit par Julien Venesson. Dans cet article, il évoque le lien entre la consommation d’aliments riches en polyamines et la douleur.

En consultation, j’établis un protocole alimentaire “anti-inflammatoire”. Car si certains aliments ont des effets négatifs sur la douleur, de nombreux aliments ont à l’inverse des effets bénéfiques prouvés.

Les aliments à privilégier sont ceux qui apportent des oméga-3 et des antioxydants. Mais comment couvrir des besoins augmentés en cas de douleurs chroniques ?

Je vous livrerai toutes mes astuces en rdv.

Les pratiques anti-douleur complémentaires

L’ostéopathie ou la kinésithérapie

Grâce à des manipulations douces, l’ostéopathie peut dénouer les tensions musculaires, articulaires et viscérales, redonner de la mobilité aux tissus, diminuer les éventuelles adhérences, et favoriser l’oxygénation des organes.

L’ostéopathie peut être couplée avec des séances de kinésithérapie. Les kinésithérapeutes peuvent effectuer des actes de dry needling pour soulager les douleurs musculaires intenses ou persistantes. Ils vont cibler les trigger points avec de petites aiguilles qui vont déclencher une réaction immédiate du muscle, dans l’objectif de provoquer une détente des fibres musculaires contractées.

L’acupuncture

L’acupuncture est une thérapie issue de la médecine traditionnelle chinoise, efficace pour réduire la douleur et sans effets indésirables ni contre-indications.

Elle est indiquée pour les douleurs postopératoires, les céphalées, la prévention des migraines, les cervicalgies, la lombalgie chronique ou aiguë, la gonarthrose.

La neurostimulation électrique transcutanée (TENS)

Elle consiste à transmettre des impulsions électriques près de la zone douloureuse par l’intermédiaire d’électrodes placées sur la peau. 2 types de stimulation sont possibles.

  • L’appareil de stimulation génère des impulsions électriques qui activent des fibres nerveuses de plus gros calibre, et plus rapides que celles utilisées pour véhiculer la douleur. Un message de fourmillement est transmis au cerveau par l’intermédiaire de la moelle épinière, et masque ainsi le signal douloureux pendant la durée de la séance de stimulation.
  • La stimulation endorphinique favorise l’augmentation de la production d’endorphines. Cette augmentation entraîne un effet antalgique général. La TENS en mode endorphinique se caractérise par une sensation de petits battements.

Source : sublimed.

La TENS peut être utilisée quotidiennement et les électrodes peuvent être portées sur une longue durée.

J’ai testé un dispositif TENS qui marche bien pour soulager les douleurs de règles et les douleurs d’endométriose.

Il s’agit du dispositif de TENS mylivia pour soulager les douleurs menstruelles.

Le TENS livia pour soulager les douleurs de règles et d'endométriose

Conclusion

Si vous souffrez de douleurs chroniques, la première chose à faire est de se faire accompagner de manière globale. Associer plusieurs pratiques sera plus efficace car chacune apporte un plus. Ceci vous permettra également de mieux gérer l’apparition de douleurs aiguës.

De plus en plus de centres de la douleur voient le jour mais les délais d’obtention d’un rdv sont longs. Il faut patienter en moyenne 3 mois, voire plus selon les régions.

Ce qui vous sera proposé est à l’image de ce que je vous recommande dans cet article, à savoir faire appel à différentes techniques qui ont fait leur preuve pour soulager les douleurs chroniques.

Retrouver un corps sans douleur sera long mais est possible, faites-vous accompagner et testez les pratiques pour voir celles qui vous conviennent, sans tenir compte de ce qui marche pour les autres car la gestion de la douleur est totalement individuelle.

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